Mise à jour du 16/12/2020

                                Charlie Hebdo.fr

Blessés dans leur tendre chair policière par le président de la République, les syndiqués d’Alliance ripostent : « service minimum » et plus de contrôle du tout… Na ! Mais, comme il n’est pas à une contradiction près, le syndicat appelle quand même à des contrôles, vendredi 11 décembre, pour distribuer leurs beaux flyers et essayer de rallier la population à la cause policière.

À LIRE AUSSI : « La police française n’a pas achevé sa mue démocratique »

Mais quelle cause policière ? Celle uniquement corporatiste à la sauce SGP ou Alliance qui nie tout problème de violences policières ? Celle carrément criminelle de Hors Service, une association de policiers en disponibilité, qui a récemment lancé des appels à tirer à balles réelles sur les « miliciens d’extrême gauche » ? Ou celle d’une police républicaine qui accepterait la critique et aimerait faire retomber la mayonnaise ? Une troisième voie en quelque sorte qui ne serait ni dans le déni, ni dans la simplification. Et essayerait de recoller les morceaux entre les citoyens et leur police. Ça existe ? Oui, mais cette troisième voie est rarement invitée sur les plateaux télés. Car, « pour les journalistes comme pour les politiques, une explication simple, voire simpliste, consiste à affirmer que le corps policier est par essence violent ou a contrario à affirmer que le corps policier n’est pas violent, qu’il y a des individualités douteuses (brebis galeuses, etc.). Et tout le monde de s’entendre sur le fait que le corps est ainsi atteint de façon systémique, ce qui est bien pratique mais ne veut rien dire puisque ce néologisme, faute de définition, ne nous permet pas distinguer si c’est le système qui engendre la pathologie ou la pathologie qui abîme le système. »

Celui qui note ceci, dans un blog hébergé par Médiapart, s’appelle Anthony Caillé. Il n’est pas militant associatif. Pas plus un sociologue gauchiste mais le secrétaire général du syndicat CGT-Police. Une organisation, certes minoritaire dans la profession – 3 % aux dernières élections professionnelles – mais qui s’accroche aux valeurs de la République, revendique comme mission première d’être au service de la protection des citoyens, de faire de la prévention avant de faire de la répression. Un syndicat qui aimerait bien faire entendre une autre voix dans les débats testostéronés sur la police. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gagné !

Le futur Beauvau de la sécurité – en fait, des énièmes états-généraux sur la sécurité publique – souhaité par Emmanuel Macron pour janvier 2021, doit rassembler des représentants des forces de l’ordre, des élus et des citoyens. Mais, étrangement, il n’a pas été jugé bon de convier ces flics minoritaires au prochain brainstorming des missions policières. « Il aurait pu car il n’était pas tenu par des considérations de droit comme lors d’un comité technique ministériel où seuls sont présents les syndicats majoritaires dans la profession », regrette Anthony Caillé. Il faut croire qu’écouter un autre son de cloche n’est pas au programme du ministère de l’Intérieur, ni de l’Élysée.

Pourtant, à en croire Anthony Caillé, son syndicat n’est pas si inaudible que ça dans la police. « On a des discussions avec les collègues. Ils peuvent comprendre nos positions qui ne sont ni corporatistes, ni catégorielles, mais, ce qui bloque, c’est un système officieux qui, de fait, laisse les syndicats hégémoniques gérer tout ce qui est mouvement et avancement des policiers ». En clair, si tu es un jeune policier de province envoyé en banlieue mais désireux de revoir ta Normandie, tu as tout intérêt à te syndiquer à Alliance ou au SGP. Ce système où l’adhésion à un syndicat majoritaire aide grandement pour une mutation, cela existe aussi, il est vrai dans d’autres professions, chez les profs ou les dockers par exemple !

« Les syndicats de policiers majoritaires ne sont pas seulement corporatistes, ils sont aussi catégoriels »

Mais, pour le secrétaire général de la CGT-Police, « les syndicats de policiers majoritaires ne sont pas seulement corporatistes, ils sont aussi catégoriels. En outre, dans le travail de tous les jours, ça veut dire que les commissaires ne communiquent pas avec les policiers de base, qui eux-mêmes ne communiquent pas avec la brigade anticriminalité etc.  » Or, sur la voie publique, lors des manifs, tout ce beau monde se retrouve ensemble. Souvent dans la confusion. « Les CRS formés à gérer les manifestants sur la voie publique attendent les ordres avant d’intervenir. Ils sont de plus en plus nombreux à se plaindre de leurs collègues de la brigade de répression des actions violentes motorisée, la Brav-M et de la Bac qui eux agissent souvent comme des électrons libres et ne sont pas formés au maintien de l’ordre. Du coup, ils sont souvent dépassés et ont tendances à riposter de manière exagérément violente. »

De fait, sur les milliers de tirs de LBD tirés lors de ces dernières années de manifs, la plupart ont été tiré par des unités de police différentes des CRS ou des gardes mobiles qui appartiennent au corps de la gendarmerie. « On a des unités de la Bac faites de bric et de broc qui se placent derrière les cordons de CRS et de gendarmes mobiles et tirent, par exemple, sur un “gilet jaune” qui lève les bras. Lorsque des unités qui traitent des violences urbaines et périurbaines arrivent [sans uniforme], chacun équipé d’un LBD, pas forcément avec une volonté d’interpeller mais de tirer, [ça pose problème]  », expliquait au site Slate une source policière, en janvier 2019.

À LIRE AUSSI : Violences policières : « N’est-ce pas toute l’institution qui est défaillante ? »

À cela s’ajoute une formation de plus en plus parcellaire. Juste avant le départ de Christophe Castaner du ministère de l’Intérieur, la formation est passée de douze à huit mois pour les gardiens de la paix, quand les voisins européens – les pays scandinaves notamment – consacrent entre 12 et 36 mois à la formation de leurs policiers. « Et encore huit mois, c’est pour les titulaires, tient à préciser le militant syndical. Les contractuels qui sont embauchés pour trois ans renouvelables une fois et payés 1300 euros net n’ont droit qu’à trois mois et sont envoyés comme ça face aux manifestants. »

Tout semble donc fait pour que ça pète. Que la doctrine de la désescalade qui a longtemps été celle que les préfets privilégiaient dans le maintien de l’ordre des manifestations ne soit plus qu’un vieux souvenir pour les nostalgiques des années 60–70. Période où, soit dit en passant, les manifestations étaient bien plus violentes du côté des manifestants qu’aujourd’hui.

Mise à jour du 12/12/2020.

CHERBOURG-EN-COTENTIN

Manif pour le retrait de la loi « sécurité globale » Pour la liberté d’expression, d’information et de manifestation !

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Blessés dans leur tendre chair policière par le président de la République, les syndiqués d’Alliance ripostent : « service minimum » et plus de contrôle du tout… Na ! Mais, comme il n’est pas à une contradiction près, le syndicat appelle quand même à des contrôles, vendredi 11 décembre, pour distribuer leurs beaux flyers et essayer de rallier la population à la cause policière.

À LIRE AUSSI : « La police française n’a pas achevé sa mue démocratique »

Mais quelle cause policière ? Celle uniquement corporatiste à la sauce SGP ou Alliance qui nie tout problème de violences policières ? Celle carrément criminelle de Hors Service, une association de policiers en disponibilité, qui a récemment lancé des appels à tirer à balles réelles sur les « miliciens d’extrême gauche » ? Ou celle d’une police républicaine qui accepterait la critique et aimerait faire retomber la mayonnaise ? Une troisième voie en quelque sorte qui ne serait ni dans le déni, ni dans la simplification. Et essayerait de recoller les morceaux entre les citoyens et leur police. Ça existe ? Oui, mais cette troisième voie est rarement invitée sur les plateaux télés. Car, « pour les journalistes comme pour les politiques, une explication simple, voire simpliste, consiste à affirmer que le corps policier est par essence violent ou a contrario à affirmer que le corps policier n’est pas violent, qu’il y a des individualités douteuses (brebis galeuses, etc.). Et tout le monde de s’entendre sur le fait que le corps est ainsi atteint de façon systémique, ce qui est bien pratique mais ne veut rien dire puisque ce néologisme, faute de définition, ne nous permet pas distinguer si c’est le système qui engendre la pathologie ou la pathologie qui abîme le système. »

Celui qui note ceci, dans un blog hébergé par Médiapart, s’appelle Anthony Caillé. Il n’est pas militant associatif. Pas plus un sociologue gauchiste mais le secrétaire général du syndicat CGT-Police. Une organisation, certes minoritaire dans la profession – 3 % aux dernières élections professionnelles – mais qui s’accroche aux valeurs de la République, revendique comme mission première d’être au service de la protection des citoyens, de faire de la prévention avant de faire de la répression. Un syndicat qui aimerait bien faire entendre une autre voix dans les débats testostéronés sur la police. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gagné !

Le futur Beauvau de la sécurité – en fait, des énièmes états-généraux sur la sécurité publique – souhaité par Emmanuel Macron pour janvier 2021, doit rassembler des représentants des forces de l’ordre, des élus et des citoyens. Mais, étrangement, il n’a pas été jugé bon de convier ces flics minoritaires au prochain brainstorming des missions policières. « Il aurait pu car il n’était pas tenu par des considérations de droit comme lors d’un comité technique ministériel où seuls sont présents les syndicats majoritaires dans la profession », regrette Anthony Caillé. Il faut croire qu’écouter un autre son de cloche n’est pas au programme du ministère de l’Intérieur, ni de l’Élysée.

Pourtant, à en croire Anthony Caillé, son syndicat n’est pas si inaudible que ça dans la police. « On a des discussions avec les collègues. Ils peuvent comprendre nos positions qui ne sont ni corporatistes, ni catégorielles, mais, ce qui bloque, c’est un système officieux qui, de fait, laisse les syndicats hégémoniques gérer tout ce qui est mouvement et avancement des policiers ». En clair, si tu es un jeune policier de province envoyé en banlieue mais désireux de revoir ta Normandie, tu as tout intérêt à te syndiquer à Alliance ou au SGP. Ce système où l’adhésion à un syndicat majoritaire aide grandement pour une mutation, cela existe aussi, il est vrai dans d’autres professions, chez les profs ou les dockers par exemple !

« Les syndicats de policiers majoritaires ne sont pas seulement corporatistes, ils sont aussi catégoriels »

Mais, pour le secrétaire général de la CGT-Police, « les syndicats de policiers majoritaires ne sont pas seulement corporatistes, ils sont aussi catégoriels. En outre, dans le travail de tous les jours, ça veut dire que les commissaires ne communiquent pas avec les policiers de base, qui eux-mêmes ne communiquent pas avec la brigade anticriminalité etc.  » Or, sur la voie publique, lors des manifs, tout ce beau monde se retrouve ensemble. Souvent dans la confusion. « Les CRS formés à gérer les manifestants sur la voie publique attendent les ordres avant d’intervenir. Ils sont de plus en plus nombreux à se plaindre de leurs collègues de la brigade de répression des actions violentes motorisée, la Brav-M et de la Bac qui eux agissent souvent comme des électrons libres et ne sont pas formés au maintien de l’ordre. Du coup, ils sont souvent dépassés et ont tendances à riposter de manière exagérément violente. »

De fait, sur les milliers de tirs de LBD tirés lors de ces dernières années de manifs, la plupart ont été tiré par des unités de police différentes des CRS ou des gardes mobiles qui appartiennent au corps de la gendarmerie. « On a des unités de la Bac faites de bric et de broc qui se placent derrière les cordons de CRS et de gendarmes mobiles et tirent, par exemple, sur un “gilet jaune” qui lève les bras. Lorsque des unités qui traitent des violences urbaines et périurbaines arrivent [sans uniforme], chacun équipé d’un LBD, pas forcément avec une volonté d’interpeller mais de tirer, [ça pose problème]  », expliquait au site Slate une source policière, en janvier 2019.

À LIRE AUSSI : Violences policières : « N’est-ce pas toute l’institution qui est défaillante ? »

À cela s’ajoute une formation de plus en plus parcellaire. Juste avant le départ de Christophe Castaner du ministère de l’Intérieur, la formation est passée de douze à huit mois pour les gardiens de la paix, quand les voisins européens – les pays scandinaves notamment – consacrent entre 12 et 36 mois à la formation de leurs policiers. « Et encore huit mois, c’est pour les titulaires, tient à préciser le militant syndical. Les contractuels qui sont embauchés pour trois ans renouvelables une fois et payés 1300 euros net n’ont droit qu’à trois mois et sont envoyés comme ça face aux manifestants. »

Tout semble donc fait pour que ça pète. Que la doctrine de la désescalade qui a longtemps été celle que les préfets privilégiaient dans le maintien de l’ordre des manifestations ne soit plus qu’un vieux souvenir pour les nostalgiques des années 60–70. Période où, soit dit en passant, les manifestations étaient bien plus violentes du côté des manifestants qu’aujourd’hui.

Info: 04 décembre 2020.

Projet de loi « Séparatisme » : la liberté de conscience menacée.

PUBLIÉ LE 2 DÉC 2020 TEMPS DE LECTURE : 2 MIN.Le projet de loi « confortant les principes républicains » a été transmis le 18 novembre aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il doit désormais être examiné en Conseil des ministres le 9 décembre.

Le terme controversé de « séparatisme » a été abandonné mais le contenu du projet de loi n’a en rien été modifié

L’abandon du terme « séparatisme » n’a pas changé la philosophie du projet de loi, renommé plus sobrement projet de loi « confortant les principes républicains ». Le texte sera présenté le 9 décembre en Conseil des ministres, il arrivera à l’Assemblée nationale en février 2021 et ensuite au Sénat.

Le texte publié en octobre, qui comprenait déjà certaines mesures comme la conditionnalité des subventions au respect « des principes et valeurs de la République » (en revanche aucune contrepartie n’est jamais demandée au patronat quand il touche des milliards d’aides publiques…) ou encore la neutralité religieuse aux structures qui exercent une mission de service public et la limitation de l’école à domicile, a été complété de nouvelles dispositions.

Parmi les nouvelles mesures, l’article 3 vise à inscrire au Fichier des auteurs d’infraction terroriste (Fijait) les personnes condamnées pour le délit de provocation ou d’apologie d’actes de terrorisme.

L’article 25 du texte crée dans le Code pénal un nouveau délit de mise en danger de la vie d’autrui par diffusion, « par quelque moyen que ce soit, d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser dans le but de l’exposer, elle ou les membres de sa famille, à un risque immédiat d’atteinte à la vie ou à l’intégrité physique ou psychique ou aux biens anbsp;».

Ce nouveau délit, pourtant déjà sanctionné par le Code pénal, n’est pas sans rappeler l’article 24 de la loi « sécurité globale », qui pénalise la diffusion d’images de policiers lorsque celle-ci a pour but de porter « atteinte à son intégrité physique ou psychique ».

Une formulation floue qui ouvre la voie à l’arbitraire

De l’aveu même du Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, « dans le droit pénal, on ne peut pas poursuivre des gens pour une intention ».

Dans sa fuite en avant autoritaire, le gouvernement espère bien changer cela.

Marche des libertés : une mobilisation spectaculaire

PUBLIÉ LE 30 NOV 2020 TEMPS DE LECTURE : 2 MIN.Les « marches des libertés » ont rassemblé 500 000 personnes à travers la France à l’appel de la coordination « Stop loi sécurité globale » qui réunit plus de 70 syndicats (dont le SNJ-CGT) et collectifs. Samedi 28 novembre, les manifestants ont marché contre la dérive autoritaire du gouvernement.

Forte contestation contre l’article 24 de la loi « sécurité globale »

L’évacuation violente des migrants installés place de la République à Paris lundi 23 novembre et le passage à tabac de Michel Zecler, un producteur noir de musique, par trois policiers jeudi 26 novembre a renforcé la contestation contre l’article 24 de la loi « sécurité globale », qui pénalise la diffusion de l’image de policiers.

Les images ont été cruciales pour invalider la version des policiers

Or, dans l’affaire des violences policières commises contre Michel Zecler, les images ont été cruciales pour invalider la version des policiers, qui accusaient leur victime d’avoir tenté de « saisir leur arme ».

« Les violences policières ont eu un impact sur l’ampleur de la mobilisation. Les revendications, qui au départ se concentraient sur le retrait de l’article 24 de la loi “sécurité globale”, se sont élargies aux violences policières et aux attaques contre les droits fondamentaux (liberté de manifester, état d’urgence, etc.) », analyse Céline Verzeletti, secrétaire confédérale.

Aujourd’hui, la crise sanitaire est devenue une crise sociale et démocratique

Samedi 28 novembre, 500 000 personnes ont marché dans toute la France où plus de 100 mobilisations ont été dénombrées.

À Paris, 200 000 personnes ont défilé. La manifestation comptait de nombreux jeunes, mais aussi des journalistes, syndicalistes, « gilets jaunes », étudiants et lycéens, le Comité Adama, des collectifs mobilisés contre les violences policières… une diversité témoignant d’une mobilisation spectaculaire et de la gravité de la situation.

La coordination doit se réunir ce lundi 30 novembre pour décider des suites à donner à cette mobilisation.

Réforme de l’assurance chômage : deux mesures phares annulées

PUBLIÉ LE 27 NOV 2020 TEMPS DE LECTURE : 2 MIN.Suspendue depuis mars dernier en raison de la crise économique, la réforme de l’assurance chômage imposée en 2019 a du plomb dans l’aile. Deux dispositions piliers de la réforme viennent d’être censurées par le Conseil d’État. Un point d’appui pour les syndicats qui exigent son annulation.

Le dispositif de calcul de l’indemnisation censuré par le Conseil d’État

Parmi les deux mesures censurées, le dispositif de calcul de l’indemnisation, pilier de la réforme de l’assurance chômage. Dans le projet gouvernemental, le montant des allocations mensuelles ne devait plus se baser sur le salaire journalier de référence (qui tient compte des seuls jours travaillés) mais sur le revenu mensuel moyen.

En prenant en compte les périodes d’inactivité dans le calcul de l’indemnisation, le montant des allocations-chômage aurait baissé mécaniquement, surtout pour les travailleurs qui alternent contrats courts et périodes d’inactivité.

Saisi par la CGT, Force ouvrière, CFE-CGC et Solidaires, le Conseil d’État a estimé, le 25 novembre 2020, que le nouveau système de calcul « porte atteinte » au principe d’égalité entre allocataires.

Il motive sa décision par le fait qu’avec les « règles […] retenues, le montant du salaire journalier de référence peut désormais, pour un même nombre d’heures de travail, varier du simple au quadruple. […] Il en résulte […] une différence de traitement manifestement disproportionnée au regard du motif d’intérêt général poursuivi ».

Avec l’annulation, pour des raisons de procédures, du dispositif « bonus-malus » sectoriel sur l’usage des contrats courts, cette victoire juridique, même partielle, est un point d’appui pour les syndicats qui continuent de demander l’annulation de la réforme.

Les syndicats poursuivent la mobilisation et demandent l’annulation de la réforme

Aussi, sans attendre les projets d’ajustement qui devraient être présentés avant la mi-décembre pour contourner la décision du Conseil d’État, les syndicats poursuivent la mobilisation.

Car si la motivation du gouvernement, lors de la mise en place de la réforme, était d’inciter à la reprise d’activité, force est de constater qu’aujourd’hui, les premiers touchés par la réforme sont d’abord les plus précaires, qui sont aussi ceux qui travaillent dans les secteurs les plus touchés aujourd’hui par la crise.

Or, un système d’assurance chômage qui ne protège pas les plus vulnérables en cas de crise n’a pas lieu d’être de façon générale.

C’est pourquoi la CGT revendique une sécurité sociale professionnelle constituée de droits individuels et garantis collectivement pour sécuriser les actifs tout au long de leur parcours professionnel. Un dispositif adossé à la Sécurité sociale qui garantirait un revenu de substitution en cas de perte d’emploi et un droit à l’évolution professionnelle par le biais de la formation.

Pénalisation de l’occupation des facs : la LPR adoptée par le Parlement

PUBLIÉ LE 26 NOV 2020 TEMPS DE LECTURE : 2 MIN.Le Parlement a définitivement adopté, le 20 novembre, le projet de loi de programmation de la recherche, malgré la défiance et la contestation du monde universitaire. Parmi les mesures controversées de cette loi : la pénalisation de l’occupation des facs.

La loi de programmation de la recherche a été adoptée définitivement par le Parlement, faisant, une nouvelle fois, fi de la contestation

Malgré la forte opposition et les mobilisations du personnel de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) au cours de l’automne, le choix du pire contenu possible a été acté. La « commission mixte paritaire » (CMP) entre l’Assemblée et le Sénat a tranché en validant notamment des amendements surgis à la « dernière minute » qui criminalisent les mobilisations et contestations dans les établissements.

L’occupation d’une fac devient un délit pénal, comme le stipule l’article 22 bis AA : « Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité […] ou y avoir été autorisé […], dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement » pourra être puni de trois ans de prison et 45 000 euros d’amende.

« Punir d’un an à trois ans d’emprisonnement le trouble à la tranquillité ou au bon ordre de l’établissement, c’est, disons-le clairement, la fin pure et simple des contestations sur les campus et la porte ouverte à toutes les dérives autoritaires », alertent des enseignants chercheurs sur le site Academia.

Si cet article passé en catimini cristallise la colère, c’est l’ensemble du texte qui est rejeté

La LPR (loi de programmation de la recherche) a réussi l’exploit de rassembler contre elle la quasi-totalité de la communauté universitaire, enseignants, chercheurs, étudiants, personnels administratifs et techniques…

« Depuis des mois, nous dénonçons le projet de contractualisation accrue des recrutements via la création des “CDI de mission scientifique” et des “chaires de professeurs juniors”, qui renforcera la situation de précarité dans laquelle se trouvent déjà les jeunes chercheuses et chercheurs, et de développement des financements par appels à projets, qui fragilisera les conditions matérielles de la recherche scientifique », alerte un collectif réunissant plus de 4 600 chercheurs dans une tribune publiée sur Le Monde.

Notre organisation revendique :

  • l’abrogation de la LPR ;
  • le recrutement immédiat d’au moins 50 000 personnels titulaires ;
  • la titularisation de tou·te·s les contractuel·le·s et précaires sur emploi pérenne ;
  • la mise à disposition d’urgence de locaux et la construction de bâtiments.